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DEVENIR ECORCE

DEVENIR ECORCE

 

DEVENIR ECORCE est le début d’une nouvelle exploration où la présence humaine se fait plus discrète qu’auparavant et marque la volonté de Fanny Pentel de se laisser toucher par de la nature.

Ce projet en image et en volume s’accompagne de recherches scientifiques sur la vie des arbres mais aussi sur les rituels druidiques ou encore sur les bienfaits des bains de foret, le Shirin Yoku. Le travail se constitue de ballades photographiques dans la foret de Tressé, originellement rattachée à Brocéliande, de tests de mouvements dansés et de prises de vues lors d’exercices de grimpe dans les bois, de prise de vue au sol ou sur une échelle qui deviennent autant de micro-déplacements afin de parcourir pleinement la verticalité des arbres. Le traitement numérique des photographies en négatif retournant ces écorces-peaux amène à la contemplation. Toutes ces images d’écorces reconstituées dressent la réalité corporelle de l’arbre devant nous et tente de retranscrire l’expérience sensible qu’ont permises ces observations tactiles.

Trois arbres en particulier ont retenus l’attention de l’artiste : le bouleau, le pin et le hêtre, parfois pour leur symbolique, leur bienfait, ou parce qu’ils sont associés à des souvenirs d’enfance.

Les objets associés sont des appels à de potentiels rituels en vue d’un travail performatif.

Le texte poétique de Norman Bersillon résonne avec l'installation et marque le début d'une collaboration.

POEME DE NORMAN BERSILLON

 

La peau en cicatrisant se racornie comme une vieille mère

en campagne espère le retour d’un fils.

Évidée, elle garde dans les sillons de ses rides

des grimoires ancestraux

aux pages arrachées.

Veines effilées, déchiquetées par l’oubli,

Traînent dans ses filets

Un jus équivoque

De prune, de noix,

Écoule d’une presque goutte

les fautes d’autrefois.

La peau pardonne

le temps

nourrit la terre, les cratères.

Le souvenir viendra comme de l’humus

nourrir le sol, fertiliser les naissances avenir.

En lanières d’écorces, la peau tombe et pardonne

aux jours les nuits racornies par la lune.

Mutations appelées à être cimetière d’enveloppes coumarines,

Parchemins téguments. Tumultes surfaciens.

Naissances et deuils se répondent en écho.

Postillons en lanières empaquetés.

Creusent cavités grumeleuses épaisses.

Marquent l’air chassé de champs d’expériences

Espaces dédiés.

Effusion d’eaux d’automne nous lave ou nous mutile

d’opacités cristallines.

 

Habiter le bois vert par l’eau de pluie.

 

La peau en durcissant s'adoucit.

Consolables, les iléites en fragments se solidifient :

morts et naissances s’inscrivent

au plus profond de leur chair.

Météorites épidermes.

Consolables, les iléites guérissent

en cicatrices de s’être disloqués.

 

Écorchée vive l’écorce gémit, la peau s’affine.

Pelures de paupières clignent un instant des yeux

ouverts, éveil lucide.

 

Le souvenir s’enfonce,

le saule pleureur s’enfance

Les projections effritent le papier peint onirique

de paroles en copeaux.

 

Désir de vivre post-mortem :

Devenir écorce exige cette mue sans fin.

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